Résumé :
Pour arriver à comprendre le chamanisme des Inuit, angakkuuniq, un des meilleurs moyens est probablement d’examiner les croyances et les coutumes relatives aux noms personnels, atiit, leurs rapports avec le cycle de la vie, inuusiq, et la manière dont les gens conçoivent l’être humain, inuk, l’âme, tarniq, et les esprits, tuurngait. Certains chamans recevaient un esprit assistant dont le nom était le même que celui qu’on leur avait donné à leur naissance. Ainsi, quand Ava est devenu chaman, son esprit assistant s’appelait également Ava – un petit esprit de rive femelle. Il en est de même pour Nanuq, un Natsilik de la région de Naujaat, qui avait reçu à sa naissance le nom d’un parent proche. Quand ce parent est mort, on lui a donné Nanuq comme esprit assistant. Un chaman qui assurait sa formation à ce moment-là lui a donné un nouveau nom personnel, Qimuksiraaq. Si un chaman voulait sauver la vie d’un enfant gravement malade, ce n’était pas rare qu’il lui donne le nom d’un de ses esprits assistants, comme nous l’expliquera Aupilaarjuk un peu plus loin. (Page 9)
Les aînés étaient Mariano Aupilaarjuk, de Kangiq&iniq, et sa femme Tulimaaq. De descendance Natsilik, ils avaient tous deux immigré dans la région d’Aivilik. Ils ont connu les derniers chamans et sont les dépositaires de grandes connaissances en matière de tradition orale. Il y avait également Lucassie Nutaraaluk, d’Iqaluit, fils d’Alariaq, l’un des grands chamans du Sud de Baffin. Alariaq est né au Nunavik et il y a passé une partie de sa jeunesse. Quand son père est mort, sa mère s’est remariée avec un homme de Kinngait (Cap-Dorset), sur l’Île de Baffin. Ils s’y sont installés par la suite et se sont convertis au christianisme à la fin des années 1920. Finalement, Célestin Erkidjuk (Iqijjut), le président de la Société des Aînés Parijait Tigummivik, ainsi qu’un cousin d’Aupilaarjuk, ont participé à l’une des sessions. (Page 7)
Bernard Saladin d’Anglure
Citation :
Mariano Aupilaarjuk
On emploie le mot angakkuq dans le dialecte des Nattilingmiut. On ne peut l’utiliser que pour une personne très sage et très judicieuse. Il peut arriver des choses dangereuses et puissantes quand on est un angakkuq. J’ai vu des angakkuit et j’ai vu un angakkuq faire tupilattuq. On peut vouloir être un angakkuq mais on ne peut pas tout simplement le devenir. On ne peut pas voir comment une personne devient un angakkuq. On ne peut pas le voir, mais ça arrive à la personne et alors cette personne commence à devenir un angakkuq. Quand quelqu’un commence à voir des choses invisibles et à entendre des choses que les autres ne peuvent pas entendre, ce sont les premiers signes que cette personne est en train de devenir un angakkuq. (Page 10)